mardi 12 novembre 2013

Le gros dans l'art # 16


Avec l’exposition Coch-Coch, une galerie sublime l’animal tout rond et tout rose grâce à des artistes contemporains. A voir et à bouffer.
SPECIAL FIAC. Fondé par Elisa Valenzuela et Marion Lepori, le collectif Les Fauves a pour ambition d’aider de jeunes artistes français et européens à produire et promouvoir des projets d’éditions artistiques qui serviront de tremplin à leur carrière. Cette cellule créative ouverte à toutes les disciplines – photographie, cinéma, design, arts graphiques, scénographie… – édite une revue d’art baptisée… Les Fauves

On y pénètre par l’odeur alléché, le groin frétillant comme au printemps, la bouche aux aguets, les pattes chancelantes d’émoi. Hum, ça sent la chair fraîche. L’air est saturé par un fumet de saucissons, de jambon, de Montbéliard et de Morteau qui s’enlacent avec des charcuteries en papier rose et blanc, et une longue saucisse sèche qui vous fait des volutes comme un boyau au-dessus d’un plan de travail carrelé de blanc, comme dans une scène de Delicatessen (1). Autant de beautés, disposées avec grâce par la plasticienne Elisa Valenzuela, dans son installation. Au sol, deux poufs en forme d’oreilles de cochon, comme une invitation à s’affaler en grignotant un bout de cette œuvre qui, surprise du chef, se bouffe (2). Et là, subitement, on se dit «ben mon cochon», ça, c’est de l’art. Et fichtrement même.
Rabelais. «Coch-Coch», voilà le nom de cette bête d’expo produite par Artdicted. Et qui depuis hier régale rue de Richelieu (3) en off de la Fiac en exposant une douzaine d’artistes contemporains. Tous conviés par la commissaire Florence Parot à sublimer, en texte, vidéos, collages, moulages et installations cet animal qui a tout bon avec son petit corps tout rond et tout rose. En soutien, dans l’arrière-cuisine, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs et son savoureux président, Robert Volut, qui s’enflamme : «Les artistes se sont toujours intéressés à la charcuterie. Sur les fresques de Pompéi, déjà pendent des jambons et saucissons.» Et le voilà qui vous cite Brueghel l’Ancien qui n’hésitait pas à vous glisser de la cochonnaille dans ses tableaux, Picasso et son saucisson, mais aussi Rabelais et ses andouilles ou Balzac et son apologie des rillettes et rillons de Tours… «Comme l’artiste, nous les charcutiers, reprend-il sans chichi, nous choisissons nos matériaux parmi les viandes, boyaux et abats. Nous créons des formes. Un saucisson, c’est une forme. Nous assemblons des produits bruns, des produits roses… Il y a un lien intime entre art et charcuterie. Mais cette expo est une première.»
Armée de pâtés. Alors, cheminons à nouveau dans cette ode au lard qui n’hésite pas à exhiber des tripes en grès émaillé avec un petit trou pour jouer à la tirelire. Ou vous invite à lire un petit récit exaltant «les 1 500 variétés de saucisses teutonnes, fumantes et grassouillettes, grillées, poêlées, bouillies, sautées ou choucroutées». L’ironie et la facétie sont décidément de la partie, quand on se retrouve face à la photo d’une armée de pâtés en croûte, andouilles et autres charcutailles assise en rang d’oignon comme au match de foot sur des gradins roses. Tout juste si on ne redoute pas de les entendre se mettre à gueuler «Cochon d’arbitre !» Résolument déco(ue)nnant aussi cet alignement de fers à repasser censés remplacer la plancha qui fait si bien grésiller les chipolatas et merguez l’été. Une grosse farce ? Pas que… Comme le revendique un photographe dans son cliché : «L’union fait la farce.»
(1) Un film réalisé par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro en 1991.
(2) Pas de panique, l’installation est réapprovisionnée tous les jours.
(3) Galerie Le Molière, 40, rue de Richelieu, 75001 Paris, jusqu’au 27 octobre, de 10 h à 19 h et le dimanche jusqu’à 17 heures. Gratuit.

article de Libération 

 

un autre extrait sur le gras (dans le lard)

(texte écrit suite à la visite de l'expo coch-coch)

Initiatives intéressantes et, soyons clairs, non dénuées d'intérêts particuliers à revaloriser le gras : l'Observatoire des cuisines populaires est soutenu par Lesieur, l'exposition est à l'initiative de la Fédération Française des Industriels Charcutiers-Traiteurs. Mais je ne peux leur en vouloir de chercher à redorer leur blason tellement ils sont mal traités dans un monde où beaucoup traquent le gras sans répit, que ce soit pour la silhouette ou la santé.
Alors que, combien de fois devra-t-on vous le répéter, notre corps et notre tête ont BESOIN DE GRAS !
Le gras (qu'on nomme aussi les lipides en nutrition) est indispensable à notre organisme, aux membranes de nos cellules, à l'élasticité de notre peau, à notre système nerveux, aux connexions de notre cerveau, à notre fonctionnement hormonal, à l'utilisation de certaines vitamines, à notre système immunitaire... Aussi je me désole quand je vois des femmes m'affirmer qu'elles ne mangent pas gras du tout. Elles se trompent certes car il y a forcément du gras dans certains aliments qu'elles avalent mais si peu : elles cuisinent sans matière grasse, mangent des viandes maigres, des courgettes vapeur ou des haricots verts nature, des yaourts allégés, assaisonnent à peine leurs salades, se privent de pâtisseries, de crème, de beurre, de fromage... Elles croient bien faire pour leur poids sans se préoccuper de leur santé. Et même pour leur poids, elles se trompent : ce n'est pas le gras qui fait grossir, c'est son EXCES !